Le bal a toujours vingt temps pour ceux qui l’aiment. Pour le plaisir de parler de la danse, les bals seront au cœur de nos travaux de Réminiscence. L’occasion pour les résidents d’en parler aux élèves Lamartine et de raconter le bal comme lieu de rencontre, d’expression de liesse lors de la Libération et aussi lieu clandestin de résistance civile sous l’occupation. Jusqu’au mois avril, de jolis témoignages aussi de couples qui se sont rencontrés en dansant. Le témoignage de Jeanine Garrigue à découvrir.

« J’étais trop jeune pour aller au bal mais je me souviens que pendant la guerre, ma mère nous laissait à la maison sous la surveillance de mon frère pour aller danser. Malgré la guerre, nos parents continuaient d’aller danser la valse, la java, le charleston, le tango ou encore le paso doble dans les quartiers.   Dès 1940 sous le régime de Vichy : les bals sont devenus interdits et les bals clandestins ont vu le jour. Ma mère était consciente de prendre de gros risques pour aller danser. Elle bravait toutes les interdictions. Elle disait en avoir besoin pour garder le moral. Elle rentrait même après le couvre-feu ! J’ai appris plus tard que certains danseurs s’étaient déjà fait prendre et arrêter. On disait même que certains avaient été fusillés pour l’exemple. Je me rappelle que ces jours-là, ma mère enfilait une jolie robe et surtout qu’elle dessinait au charbon de bois, tout le long de sa jambe, les coutures de ses bas. C’était un vrai défi artistique! Elle retrouvait ses amis dans des lieux tenus secrets, dont les adresses étaient chuchotées à l’entourage proche. Ces bals interdits étaient petits, sans grands orchestres comme on le verra après la guerre. Quand on avait de la chance, c’était un ou deux musiciens qui jouaient. Le plus souvent c’était juste un phonographe ou un tourne disque qui diffusait doucement la musique car il ne fallait pas se faire repérer par les Allemands. C’est seulement après 1945 que les gens ont retrouvé la liberté de danser ! »